Quelle approche pour comprendre cette crise du transport aérien ?

La crise sanitaire actuelle accompagnée des différentes mesures prises par les États n’a pas d’équivalent dans l’histoire du transport aérien, somme toute suffisamment courte pour ne pas avoir été confrontée à des évènements majeurs comme la grippe espagnole ou d’autres pandémies de très grande ampleur.

Les épisodes récents du coronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS en 2002-2003, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ou MERS en 2012, ou le virus Ebola en 2014 ont été contenus dans une région du monde et si leur impact sur le transport aérien peut être mesuré, il n’est en rien comparable à celui de la COVID 19.

Considérant la crise actuelle du transport aérien, trois éléments viennent à l’esprit :

Tout d’abord, la fermeture décidée, partielle, conditionnée ou totale des frontières. Il est difficile même en remontant dans un passé assez lointain de trouver dans l’historique du transport aérien des éléments pour analyser un tel phénomène. Le 11 septembre 2001, l’éruption du volcan Eyjafjallajökull, ont, certes, provoqué des arrêts brutaux du transport aérien, mais ceux-ci ont été de courte durée, voire de très courte durée en comparaison à la crise actuelle, n’ont pas été totaux et n’ont pas complètement stoppé les flux de passagers à la surface du monde. La reprise timide du trafic international en ce moment reste conditionnée à ce système s’apparentant à des feux de circulation entre pays et oscille entre arrêt total des vols, arrivage conditionné par une quarantaine ou des tests de dépistage et ouverture complète des frontières. Cette situation risque de durer encore de nombreux mois au gré des réactions et décisions politiques et de l’émergence d’un vaccin ou d’un traitement du virus.

La crise économique, conséquence de la crise sanitaire, ne fait pas encore sentir tous ses effets, mais tous la pressentent de grande ampleur, mondiale à l’évidence et avec une remise en cause très probable du phénomène de mondialisation pour revenir à plus de souveraineté économique. S’il n’est très certainement pas possible de prévoir l’ampleur et les conséquences de cette crise économique, il semble à peu près certain qu’elle sera de bien plus grande envergure que celle de 2008 qui a produit des effets sur le transport aérien mondial pendant environ 5 ans.

La pandémie due à la COVID 19 aurait dû et pu être le premier élément cité, car elle est la cause de la situation. Elle intervient avec certitude sur le désir et le besoin de voyage aérien, mais dès lors que les conditions de contrôle sanitaire seraient mises en place, elle n’empêche pas celui-ci. Ainsi l’impact de la pandémie sur les pays ou régions ayant un fort trafic domestique avec des conditions homogènes de traitement sanitaire semble moindre que dans le cas de mesures hétérogènes et variantes dans le temps. Les épidémies précédentes dans l’histoire du transport aérien peuvent sans doute servir de référence dans un raisonnement portant sur le trafic domestique, mais elles ne peuvent à ce stade pas être évoquées pour caractériser les effets sur le transport aérien international qui résultent aujourd’hui du premier facteur cité et sans doute demain du deuxième.

France Aviation Civile Services tente, sur la base de sa connaissance approfondie du transport aérien mondial sur de longues données historiques, de reconnaître certains phénomènes et d’appliquer certains schémas à la crise actuelle. Au travers de divers travaux entrepris en interne ou à l’aide d’étudiants durant l’été, FRACS progresse dans sa connaissance de la crise au niveau mondial et de son analyse.

Il reste néanmoins encore une grande inconnue dans cette équation. C’est celle de la disponibilité d’un traitement ou d’un vaccin qui marquera un point d’inflexion majeur dans les statistiques du transport aérien et introduira un peu de prévisibilité dans les comportements, décisions politiques, voyages d’affaires ou de particuliers. En ces temps d’incertitude, toute l’équipe de France Aviation Civile Services reste mobilisée pour contribuer, à son échelle, à une reprise du trafic aérien sûre, efficace et performante.

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